Blog du Pr Rabah AIT-HAMOUDA

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De l'expression clinique de la COVID-19

Mystérieuse comme tout ce qui vient du soleil levant, la COVID-19 n’arrête pas de nous surprendre. 

 

Naissante, bruyante, extensive, conquérante, cette maladie défit le monde dans ce qu’il a de plus puissant, là n’est pas le débat ; il est dans le visage clinique qu’elle nous présente à chaque saut de continent.

 

Il est classiquement connu que chaque maladie infectieuse s’exprime par des signes qui en font la description la plus classique.

 

Cette expression est certes dépendante de l'agent pathogène, de son impact sur les organes, mais également des caractéristiques démographiques et sanitaires des populations en termes d'immunité individuelle et collective, et de comorbidités. 


Les séries de cas décrits on chine ont donné les caractéristiques cliniques et épidémiologiques de départ. Ce tableau aboutit une définition initiale des cas. 

 

Je pense que nous allons observer avec le temps d’autres expressions cliniques différentes de ce qui a été observé en chine et dans peu de temps nous allons avoir trois expressions :

      • l'expression chinoise
      • l'expression européenne
      • l'expression africaine


1) L’expression chinoise initiale : atteinte respiratoire plus ou moins grave pouvant aller au SDRA et syndrome de défaillance multiviscérale. Une gravité et une létalité associée à l’âge, aux comorbidités. Mais curieusement pas ou peu d’enfants et de femmes enceintes et pas ou rarement de PVVIH (peut-être protégés par les ARV)

 

2) Une expression européenne actuelle où l'on décrit :

      • des formes graves chez les jeunes,
      • fréquence de signes non décrits précédemment en chine comme des signes digestifs, neurologiques, une anosmie, une agueusie et qui constituent actuellement en Europe un signe d’appel retenu. 

 

Je reste curieux de voir quel va être l’impact de la maladie chez enfants et les femmes enceintes et les PVVIH en Europe. L’Italie possède après le japon la population la plus importante de personnes âgées d'où une létalité dépassant celle de chine. 


3) L’Afrique semble prendre du retard pour probablement une raison de faible connexion aérienne avec les pays d'Asie. Maintenant que l’Europe est touchée, des cas vont être introduits par des émigrés africains en Europe  de retours chez eux. Et là on va avoir l'expression africaine avec tout son fardeau de malnutrition, de parasitoses et autres fléaux pouvant interagir pour donner à la maladie une particularité africaine. Et quel sera l’impact chez les enfants et les femmes enceintes et les PVVIH sans accès au traitement.


A la fin, nous aurons une expression clinique de la COVID avec des particularités.
Il faut retenir, comme le dit Raoult, que ‘’les maladies infectieuses sont des maladies d’écosystème’’ ; elles ne sont jamais figées ni dans leur genèse, ni dans leur développement, ni dans leur expression. Cet écosystème va de la niche écologique microscopique réalisée par une communauté multicellulaire dans un biofilm  jusqu’à l’écosystème macroscopique planétaire soumis à des interactions entre les déterminants humains, animaux et environnementaux ; d’où le concept ‘’one World, one Heath’’. 

 

Elles se présentent et se présenteront sous un autre visage comme l’avait prédit Charles Nicolle dans ‘’Destin des maladies Infectieuses’’.

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Dr. Rabah AIT-HAMOUDA, Professeur en Infectiologie

Vice-Président chargé de la Commission Scientifique de la Société Algérienne d’Infectiologie (SAI)

 

Service des Maladies Infectieuse, EPH et Faculté de Médecine, Université Ben Boulaid, Batna 2



19/05/2023
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